En République Démocratique du Congo, la fièvre électorale est montée d’un cran avec le lancement de la campagne électorale pour des élections générales prévues sauf changement à la fin de cette année.
Les élections sont considérées localement comme une véritablement ruée vers l’or politique. Dans ce pays de près de 100 millions d’habitants avec une population vit avec moins de 2$ par jour, la politique est restée le plus grand pourvoyeur d’emplois financièrement stables. Pour les échéances en cours plus de 30000 candidats députés nationaux se disputent près de 500 sièges au parlement. Ils sont une vingtaine des candidats à se disputer le prestigieux fauteuil de Président de la République.
Les candidats qui s’offrent une campagne rude sur terrain le savent qu’une recompense les attends et c’est surtout en termes de revenu. Dans ce pays l’un des plus pauvre au monde le salaire d’un député national oscille autour des 21 000 dollars américains. Le revenu est encore beaucoup plus important pour les sénateurs et le Président de la République.
Les futurs députés n’auront pas qu’à vivre de leurs salaires impressionnants mais des chantages politiques vis-à-vis des ministres et des directeurs généraux des entreprises du portefeuille de l’Etat aussi. Des chantages qu’ils peuvent traduire en termes de motion de déchéance, question orale avec débat et bien d’autres formules. Ils vont pouvoir jouir également des immunités parlementaires qui empêchent que soit engagée contre un député aucune poursuite judiciaire sans l’avis au préalable du parlement. Grâce au système de repartition des quotas politiques le député peut aussi espérer de devenir un ministre par la suite. Accéder à cette position en RDC est un veritable pôle d’influence. Des 500 futurs députés ils seront moins de 10% à prendre la parole devant l’hemicycle tout le long de la legislature.
Pour les électeurs congolais la campagne électorale c’est aussi un moment de revanche. La revanche du peuple sur le politicien. Dans les rues on peut entendre des slogans de règlement de compte tels que « 5 ans pour les politiciens, un jour pour le peuple ». Ce peuple qui pensent que les promesses électorales ne servent à rien qu’à du vent est à la recherche du concret. Le concret c’est en quelque sorte une contre-partie matérielle en échange de sa présence dans les meetings des campagnes et en échange du vote. Depuis le lancement de la campagne le 19 novembre dernier un candidat député a déjà fait les frais de cette sanction populaire. Les chaises et le système musical installés pour un meeting ont été emportés par les populations à la fin de ce meeting car le candidat n’a pas payé la contre-partie obligatoire de leur présence au meeting. Cette tendance va se poursuivre dans les jours à venir. L’échec des promesses politiques depuis 1960 a totalement transformé la compréhension de la politique par les populations.
Les candidats avec un programme de gouvernance mais sans une enveloppe conséquente pour payer la contrepartie du peuple vont continuer à connaitre la resistance et le désistement du peuple qui ne croient plus aux promesses. Pour le cas d’espèce, il est possible que des candidats présidents moins fortunés vont se rallier à des candidats les plus offrants qui sont en mesure de payer les contreparties des populations.
Ainsi les candidats issus des familles riches, les candidats sortant d’une legislature qui court, les candidats hommes ou femmes d’affaires deviennent très prisé dans le pays. Les hommes ou femmes d’affaires d’affaires encore plus. Il y’a un double entendement à cela. Une partie du peuple pense que ces derniers seraient moins corruptibles parce que fortunés alors que d’autres estiment qu’ils viennent pour s’offrir le coffre-fort du trésor public et pour se recouvrir des immunités parlementaires et politiques. Une chose est sûre dans un environnement où la contre-partie existe en échange d’un vote, ces hommes d’affaires continueront à dominer en politique car facile de s’offrir un électorat. L’emergence rapide en politique congolaise des hommes d’affaires à succès tels que Maweja Muteba, Ngoyi Kasaji, Seth Kikuni, Moïse Katumbi et bien d’autres est un indicateur de cette transformation de l’entendement politique dans le pays.
La politique congolaise dans quelques années sera un espace dominé par des hommes d’affaires accomplis plutôt que par des politiciens par vocation.
L’engagement politique croissant au milieu des jeunes de la République Démocratique du Congo; pareils engagements dans d’autres cieux pourrait traduire un éveil de la conscience collective, au Congo cet engagement est en réalité un appel à rejoindre la ruée vers l’or politique. Le peuple qui n’est pas à blâmer n’est autre que le résultat de l’échec de la gouvernance politique du pays depuis 1960 drainé par la succession des promesses politiques fallacieuses. L’Oiseau perché