Par L’Oiseau perché
Aujourd’hui, comme en 2013, le président rwandais apparaît au centre de l’affaire et il n’hésite pas de se mettre à la charge. Le mode opératoire est resté le même au fil de temps. Le M23 commence par des revendications qui, à première vue relèvent des politiques internes à la RDC, et une fois que le M23 a réussi à capturer des territoires congolais, les revendications de départ laisseront la place à celles du Rwanda qui, à ce moment-là, prétendrait agir par lien de sang pour faire entendre les voix d’une minorité tutsi menacée en RDC. Une fois le Rwanda a pris officiellement le relai dans l’affaire, on fini par se rendre compte qu’on a affaire à des gens pour lesquels seule la parole du président Kagame compte. Inutile de traiter directement avec eux sans passer par le maître de l’échec. Au même moment les M23, en dépit du fait qu’ils laissent la balle au président rwandais, ces derniers vont continuer à se revendiquer d’être des congolais comme pour justifier leur maintien en RDC une fois le quiproquo terminé.
Les combattants pro-rwandais du M23 avaient soutenu dans un communiqué des pourparlers entre les deux présidents pour sortir de la situation. Ce communiqué avait permis de comprendre le rôle central qu’occupe le dirigeant rwandais dans l’affaire.
Si les discussions en cours entre le président rwandais et le président congolais autour de la crise se concluent avec la satisfaction de ce dernier, le M23 se retirerait pour attendre des aventures prochaines. Et si la RDC n’accepte pas de garder les combattants pro-rwandais en RDC, Kigali fera un communiqué affirmant que des dirigeants du M23 sont mis en détention au Rwanda sans preuves à l’appui, le cas de Laurent Nkunda du CNDP en 2009 et des chefs du M23 en 2013. Il s’agit en faite d’une formule pour les faire dissimuler dans la nature jusqu’à réapparaître lorsque l’intérêt se pointe. Il est difficile de dire comment les combattants pro-rwandais du M23 sont-ils gratifiés pour leurs services rendus. Depuis la résurgence du M23 en 2022, des centaines des congolais ont perdu la vie et des centaines des milliers ont pris le chemin de l’exode. Les populations coincées à Bunagana sont reportées de vivre constamment sous la torture physique et la torture morale des nouveaux maîtres des lieux.
Kinshasa pour son compte se doit de trouver une formule qui lui aide à ne plus rouvrir la porte aux hommes de terrains de Kigali en République Démocratique du Congo, les M23. Cela permettrait de prévenir une nouvelle résurgence d’ici à 5 ans ou plus.