21 octobre 2020
En République Democratique du Congo, l’opposition politique a perdu significativement de la vitesse et son encrage après l’arrivée au pouvoir en 2018 de l’un de ses membres influents sous un accord avec l’ancien régime du Président Joseph Kabila.
La situation politique qui a suivi les dernières élections générales au pays est délicate et sans précédent. Deux forces rivales d’hier ont décidé de s’unir pour gouverner ensemble le pays.
Dans le pays, des opposants se sont retrouvés à la croisée de chemins entre rejoindre un ancien collègue devenu chef de l’Etat ( ce qui équivaudrait à faire alliance avec l’ancien régime indirectement) ou soit poursuivre avec l’opposition politique contre celui-ci (ce qui équivaudrait à une sorte de trahison contre un ancien frère venu du même bloc).
D’une part, quelques opposants phares ont estimé que faire l’opposition contre Félix Tshisekedi sera une façon de le fragiliser au profit du clan Kabila. Ceux-là ont tendance à croire qu’il existerait une sorte de piège tendu par l’ancien régime à l’Opposition afin de faire ses membres influents inconsciemment à un plan de son auto-destruction. Ainsi pour tout contraindre, cette opinion pense qu’il faut s’aligner avec Félix Tshisekedi et lui laisser le temps de gouverner le pays avant de relancer la bataille lors des prochaines échéances.
Cette opinion a déjà gagné une bonne partie de l’Opposition congolaise et même temps, il se dessine un vide considérable dans le pays en terme de contrepoids politiques.
D’autre part, quelques opposants dont Martin Fayulu pensent que Félix Tshisekedi serait plutôt une sorte de prisonnier de l’ancien régime qui l’aurait fait placer à la tête du pays pour servir à ses fins. Cette opinion pense qu’il faut appliquer une pression maximale contre celui-ci pour l’amener à agir parfois contre son vouloir. Ce qui pourrait contraindre indirectement les intentions et les aspirations des commandeurs supposés de Félix Tshisekedi. Les opposants derrière cette réflexion pensent qu’agir de la sorte est une manière de soutenir leur ancien collègue qui serait pris entre le marteau et l’enclume.
Cette opinion n’est pas assez populaire dans le pays mais c’est celle sur laquelle repose l’opposant Martin Fayulu, ancien candidat Président de la République.
Deux leaders de premier plan dans l’opposition congolaise Jean-pierre Bemba et Moise Katumbi ont eux opter pour le jeu du silence pour s’assurer de ne pas mettre mal à l’aise Félix Tshisekedi. Ils prêtent rarement à des critiques contre l’ancien camp de joseph Kabila. Une certaine opinion pense que les deux s’effacent sur la scène politique et ont déjà perdu de l’encrage laissant la place à Martin Fayulu de consolider sa popularité et de continuer à s’afficher comme étant le seul avocat du peuple à rester debout.
La situation politique actuelle dans le pays est celle où l’opposition politique est devenue silencieuse et sans contrepoids politique réel. Une telle situation présente des énormes risques à la démocratie congolaise car en cas de changement de ton de la part du nouveau régime les droits légitimes de populations pourraient facilement être arrachés avec la complicité de l’opposition devenue passive.
Au sein de la société civile les risques d’une opposition silencieuse est pris sérieusement. Le Comité Laïc de Coordination (proche de l’Eglise catholique) et d’autres mouvements de la société civile ont pris le devant pour incarner une alternative au contrepoids politique.