RDC: Les cinq contradictions politiques et sociales du Président Félix Tshisekedi (1/3)

12 avril 2021 

Par L’Oiseau Perché

« J’ai plus de vingt cinq ans de vie politique. Je crois savoir exactement ce que veut mon peuple. (…) Je pense que si j’arrive demain au pouvoir je serai celui qui fera de Congolaises et des congolais un peuple fier, un peuple digne, un peuple libre qui se tournera vers le travail et qui enrichira ce pays. »

Comme tout aspirant au pouvoir, l’actuel Président congolais, candidat Président de la République d’alors, promettait de remuer ciel et terre. Il rêvait offrir gros à sa nation. Mais savait-il allier la réalité à ses promesses ?

Dans une interview accordée à une chaîne locale Top Congo, dans sa tranche « En campagne » en 2018, le candidat président de la République Félix Tshisekedi rêvait de libérer le peuple congolais de l’oppression, de la dictature et amener le pays dans un contexte d’état de droit. Il voulait bâtir un État qui se tourne vers le bien-être des citoyens, qui les protège. Qui fait leur promotion, qui veuille à leur épanouissement.

« Le pays a vraiment besoin d’un bol d’air. Le pays a vraiment besoin de sortir de l’enfer dans lequel le régime actuel la plongé. »

Le candidat Felix Tshisekedi avait peint un tableau sombre de la gestion de son prédécesseur. Il n’avait pas manqué à chaque occasion de critiquer les réalités du pays.

Arrivé au pouvoir depuis près de deux ans, l’image de son prédécesseur est partie en fumée. Le Président a scellé ses bases, installé son règne. Mais face à des critiques qui lui sont dirigé, épinglant des contradictions politiques et sociales, le nouveau pouvoir semblent être mal à l’aise.

Les proches du nouveau Président comme ses sympathisants au sein du parti Union pour la Démocratie et le Progrès Social « UDPS » ne veulent pas laisser entendre dire des critiques. Ils s’attaquent virilement aux opposants cherchant à les déplumer.

L’attitude qu’entretien le nouveau pouvoir congolais a déjà commencé à avoir de l’influence sur la façon de faire de la justice et les services de sécurité du pays par effet d’entraînement.

En effet, lorsqu’un régime se montre de plus en plus hostile aux critiques, se renferme progressivement sur lui-même et campe sur ses positions, cela occasionne un effet d’entraînement sur certains services de l’Etat qui se tourne vers le régime en détresse. La justice et les services de sécurité sont assez souvent les premiers à devenir répressifs, se croyant de bien faire au profit du Président et ses acolytes. Dans un pays à la taille du Congo, où tous les chefs haut placés dans la justice et aux services de sécurité sont nommés des mains de fer par le Président, l’influence des approches du pouvoir devient encore plus délicate dans leur manière de faire.

« (…) Parce que ce pays est riche, il y a moyen de transformer cette potentialité en réalité et faire de tous les congolais des hommes et des femmes heureux de vivre dans ce pays et qui sont prospère ». 

Depuis l’accession au pouvoir du Président Felix Tshisekedi, aucun plan de relance économique et de la croissance n’a été mis sur table. Dans leurs critiques, des opposants au Président pensent que le régime navigue à vue. L’économie du pays ne fonctionne plus et la dépréciation du francs congolais ne s’est pas arrêtée. Le niveau général de prix sur le marché grimpe sans répit et aucun plan de redressement du marché n’est discuté pour le moment. Sur le plan social, aucune vision claire se dégage dans le pays. La situation économique et sociale devient préoccupante et elle entraîne déjà des frustration dans le pays. Des fonctionnaires attisent plusieurs mois de retard dans le pays et le cas touche même les plus hautes instances du pays. Si l’ancien régime avait estimé qu’il fallait éviter de prendre des dettes extérieures, qu’il fallait rembourser toutes les dettes existantes pour construire une économie congolaise mesurable par rapport au niveau de ses revenues, la RDC est de retour avec des emprunts dans le mécanisme financier international ce qui devrait avoir des répercussions sur le moyen et long terme.

« (…). Je serai celui qui fera de Congolaises et des congolais un peuple fier, un peuple digne, un peuple libre qui se tournera vers le travail et qui enrichira ce pays. »

Depuis sa prise de fonctions, le Président congolais n’a pas mis sur table aucun plan concret de création d’emplois. Le pays a arrêté de créer de l’emploi massif décent depuis 1998. La situation du Congo demeure celle de sous-emplois avec près de 88% de la population au chômage et quelques-uns dans des métiers artisanales. Le régime n’a affiché aucun plan de promotion de l’entrepreneuriat local et de l’investissement. L’ANAPI, l’un des outils du gouvernement prévu pour attirer des investissements direct étranger dans le pays semble ne plus fonctionner normalement. Celle-ci s’attarde à donner des conférences localement à Kinshasa plutôt que d’engager une véritable conquête à l’étranger des investisseurs. Sans politique claire de création d’emploi, l’horizon congolaise va continuer à noircir.

Des problèmes dans la distribution des opportunités disponibles 

La plus grande faiblesse des administrations précédente au Congo aura été l’inégale répartition des opportunités disponibles. Dans le but de consolider le pouvoir, des administrations ont instauré ordre préférentiel éthique, tribal et politique dans la distribution des emplois et autres opportunités. Le régime du Président Félix Tshisekedi n’est pas épargné là où la population lui attendait faire mieux que ses prédécesseurs. Il s’observe actuellement la concentration des postes les plus importants entre les mains de l’ethnie « Luba» à laquelle appartient le Président lui-même. Dans l’armée comme dans la fonction publique cette tendance s’observe. Dans le pays, le mécontentement ne s’est pas fait attendre. Dans un pays où le sous-emploi bait son plein, les préférences du nouveau pouvoir sont sujet à des tensions. Le rêve d’instaurer un État congolais où les citoyens ont accès à des opportunités disponibles de manière équitable, indépendamment de la couleur de peau, l’accent ou la taille de nez des uns et des autres s’éloigne.

« La partie du pays qui m’a le plus attristé c’est l’est. Je vous jure que nos compatriotes de cette contrée du pays vivent vraiment un enfer. Si j’ai parlé d’enfer, j’ai vraiment pesé mes mots. (…). Il y a une insécurité criante, effroyable. »

Depuis sa prise de fonction, Félix Tshisekedi peine à imposer la paix dans la partie est de la RDC. Les massacres sur les populations civiles se sont exacerbées et le régime cloue sous le silence. Comme cela était le cas en 2018 lors de son passage, les populations de l’Est recherchent toujours des réponses aux maux qui les ruinent. Les opérations criminelles des groupes dits ADF se sont étendues. Le Président Tshisekedi a apporté des changements dans la chaîne de commandement de l’armée, il a appelé les rebelles à faire la paix, amorcé l’opération de ratissage systématique des groupes rebelles mais l’épine reste sous le pied et continue de faire mal. Au mois de septembre de l’année en cours, les populations de Goma se sont opposées à l’arrivée du Président congolais sur place en signe de protestation.

Les affinités avec Paul Kagame et la prise d’une position à la va-vite 

Les populations de l’Est de la RDC reprochent au Président congolais d’entretenir des rapports désavantageux avec le Président Rwandais Paul Kagame, ce qui n’aura finalement pas procuré aucun bien aux congolais. Ils ont l’impression que l’homme fort du Rwanda se sert de la gentillesse et du côté passif du Président congolais pour torpiller davantage la RDC.

Ces populations disent aussi d’avoir été vexée par la prise de position du Président congolais en faveur de la communauté rwandophone dite banyamulenge qui se trouve en conflit avec quelques ethnies de l’Est mais que le Président a défendu d’être congolaise. Pour ces populations, l’actuel Président a simplement trahi un combat qui s’est étalé sur plusieurs générations de défense de l’identité Congolaise et de l’intégrité de son territoire contre les conquêtes territoriales de ses voisins.

« (…) Vital Kamerhe et moi, vous savez nous formons le ticket gagnant. Nous nous sommes promis d’aller là-bas nous installer si les congolais nous font confiance et nous porte à la magistrature suprême. (…). Nous irons nous installer quelque part à l’Est jusqu’à ce que la paix va devenir définitive. C’est vraiment la priorité de priorité. » 

Après près des deux ans d’accession au pouvoir en RDC, le Président Felix Tshisekedi n’a pas tenu sa promesse de s’installer à l’Est jusqu’au retour définitif de la paix. Le faire serait une manière de faire pression à des voisins de l’Est mais aussi d’être proche d’eux. Cela constituerait aussi une pression énorme contre des rebelles et la communauté internationale. Le Président Tshisekedi n’a pas non plus honoré sa promesse d’installer l’Etat major des Forces armées congolaises dans la zone meurtrie de Beni.

Un courrier pour Tamtam News de la part de L’oiseau perché

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