24 novembre 2020
Par L’Oiseau perché
En 2018, le monde apprenait avec satisfaction l’élévation du docteur Denis Mukwege comme prix Nobel de la Paix pour son combat aux côtés de femmes victimes de viol.
Depuis plusieurs années, ce gynécologue congolais était connu dans la partie est de la République Démocratique du Congo comme étant l’homme qui répare les femmes.
Sauver les femmes et sauver le témoignage
Dans chaque scène de viol comme arme de guerre, le docteur se retrouve devant une opération chirurgicale cruciale.
Pour le docteur Denis Mukwege, ces interventions représentent bien plus qu’une pratique chirurgicale.
Il sauve de femmes mais aide à préserver aussi de témoins dans l’espoir que justice soit faite un jour.
Des femmes victimes de viol qui sont ramenées à l’hôpital de Panzi par groupe présentent de dommages graves et parfois irréversibles.
Le travail bénévole de docteur Denis Mukwege avait réussi à attirer l’attention de la communauté internationale.
Indignée par le sors de femmes du Congo, la communauté internationale continue à exprimer sa profonde désolation mais celle-ci peine à adopter une stratégie commune contre les auteurs de violence à l’est de ce pays.
Le prix Nobel dernier recourt
Depuis son élévation au titre de prix Nobel de la paix, le docteur Denis Mukwege a répétitivement appelé la communauté internationale à s’investir pour mettre fin aux atrocités dans le pays.
Le célèbre gynécologue a appelé à instaurer un tribunal international pour le Congo afin de juger les auteurs de crimes commis en RDC. Il veut obtenir justice et réparation pour les victimes et leurs familles.
L’indifférence des autorités locales
L’insistance du célèbre gynécologue pour l’instauration d’un tribunal international n’a jamais enchanté les milices et groupes armés qui polluent l’est de la RDC de violences.
Il est constamment dans les viseurs de ces groupes hostiles.
Après avoir dénoncé un nouveau massacre dans le Sud-Kivu en juillet dernier attribué à une milice rwandophone, le docteur Dénis Mukwege dit subir de pressions.
Le gynécologue et ses équipes ont reçu de menaces de mort.
Visiblement, sa présence dans cette partie du pays dérange. Mais le célèbre gynécologue n’entend pas quitter son centre d’intérêt.
Toute sa vie s’organise dans cet hôpital devenu célèbre.
Pour faire face à toute forme de menace susceptible de causer préjudice à sa vie, le prix Nobel de la paix est placé sous protection des forces onusiennes.
Problème : La Mission onusienne, de commun accord avec le gouvernement congolais, a annoncé son plan de retrait progressif du pays.
Dans le pays, la société civile et la communauté humanitaire craignent déjà que le docteur se retrouve abandonner entre les mains de ses furieux ennemis.
Lors d’un conseil de ministres en août, le Gouvernement congolais a dit s’être décidé à assurer la protection en permanence du prix Nobel de la paix.
La société civile et les activistes des droits de l’homme ont toujours accusé le gouvernement congolais de ne pas prendre au sérieux les menaces contre le prix Nobel pour ses prises de position.
Mukwege, un activiste de la démocratie
Le célèbre docteur congolais est aussi un activiste de la démocratie.
En 2018, il s’était mis au devant de la scène pour appeler au respect de la constitution congolaise et à la tenue des troisièmes élections générales en République Démocratique du Congo.
Les prises de position du prix Nobel n’était pas perçu d’un bon œil par les officiels congolais de l’époque.
En dépit de ses nombreuses reconnaissances internationales, le gouvernement congolais de l’époque n’avait pas reconnu officiellement le combat du docteur.
L’après MONUSCO
Le départ progressif de la mission onusienne du pays est un fait.
Les activistes congolais des droits humains craignent que le prix Nobel de la paix ne finisse dans un traquenard du type Benasir Butho.
Aux yeux des populations locales, les forces de sécurité congolaises ne sont pas fiables pour assurer sa protection rapprochée.
Avec le programme de démobilisation et réinsertion, plusieurs anciens miliciens ont intégré les forces régulières de la RDC.
Tout en étant dans les rangs de la police et de l’armée régulière, il est possible que certains aient gardé le contact avec leurs anciens compagnons qui se trouvent encore dans les forêts congolaises et qui terrorisent les populations de l’est.
Plusieurs rapports internationaux ont démontré de liens entre certains officiers congolais et de milices et groupes rebelles opérant en RDC.
La société civile et les activistes de droits humains craignent qu’une trahison s’organise autour du prix Nobel de la paix si son sors venait à être confié entièrement aux seules forces de sécurité du pays.
Face à ce dilemme, les communautés locales s’organisent pour assurer au mieux sa protection.
Tout congolais qui détiendra une information qui est de nature à nuire à la vie et au travail du prix Nobel est dans l’obligation morale de coopérer pour mettre hors d’état de nuire les conspirateurs. – L’Oiseau perché
Un courrier pour Tamtam News de la part de L’oiseau perché