La Francophonie poursuit sa descente dans l’abîme après une gouvernance chaotique

À trois semaines du 18e sommet de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), qui se tiendra les 19 et 20 novembre à Tunis, des voix divergentes s’expriment sur l’action de cette organisation destinée à promouvoir le français dans le monde. Plusieurs acteurs de terrain, en Afrique notamment, s’inquiètent de la diminution de l’action de l’OIF en éducation qui devrait être le coeur de sa mission depuis que l’ancienne ministre des Affaires étrangères du Rwanda Louise Mushikiwabo en a pris la direction en 2018.

« Depuis que Mme Mushikiwabo la dirige, l’OIF est devenue invisible sur le terrain. L’éducation ne semble plus une priorité et l’Organisation ne remplit plus sa fonction », nous confie Fridolin Mve Messa, secrétaire général du principal syndicat d’enseignants du Gabon. Joint à Libreville, le syndicaliste estime plus généralement que l’OIF « ne s’implique plus dans la défense de la langue française. Si l’éducation n’est plus une priorité, qu’on nous le dise » !

La frustration qu’exprime Fridolin Mve Messa n’est pas isolée. Elle s’exprime tout particulièrement au sein du Comité syndical francophone et de la formation (CSFEF), qui regroupe les syndicats d’enseignants des pays francophones. La semaine dernière, comme elle le fait depuis 35 ans à chaque sommet, l’organisation s’est réunie en Tunisie, où se tiendra bientôt le Sommet de la Francophonie. Quelle ne fut pas la surprise des organisateurs de découvrir que, contrairement à ce qui se pratiquait auparavant, aucun représentant de l’OIF ne serait présent. Branche francophone de l’Internationale de l’éducation, la CSFEF a été créée en 1987 à l’initiative de syndicats français, québécois et sénégalais. À titre d’organisation internationale non gouvernementale, elle est accréditée à l’OIF.

Déliquescence » ?« Lors de nos congrès précédents, nous avons toujours obtenu un financement pour tenir nos activités, nous avons toujours eu un représentant de l’OIF à la cérémonie d’ouverture. Cette année, rien de tout cela. L’OIF nous répond que la ligne budgétaire pour les organisations de la société civile a été supprimée », dit le secrétaire général du CSFEF, le Québécois Luc Allaire.

Pour celui qui est aussi responsable des relations internationales de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), ce retrait de l’OIF n’est qu’une manifestation de « [son] état de déliquescence » actuel. Selon lui, jamais l’OIF n’a été aussi peu présente dans la défense du français dans le monde depuis qu’elle est dirigée par la Rwandaise Louise Mushikiwabo.En 2018, le mandat de l’ancienne gouverneure générale du Canada Michaëlle Jean n’avait pas été renouvelé après que la presse québécoise eut révélé des dépenses somptuaires de l’ordre de 500 000 dollars pour son appartement parisien. Soucieux de réconcilier la France avec le Rwanda, le président français, Emmanuel Macron, avait alors soutenu la candidature de l’ancienne ministre des Affaires étrangères de ce pays. Une nomination qui a ensuite ouvert la voie à une réconciliation entre les deux nations et à une visite officielle du président au Rwanda.

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