Outrage au Chef de l’État, report de la présidentielle : Le président Tshisekedi est dans un processus de transformation comportementale qui inquiète (analyse)

12 avril 2021

Par L’Oiseau perché

En République Démocratique du Congo, cela ne fait plus nulle doute. On craint désormais que le nouveau régime qui s’est voulu démocratique et ouvert au départ ne puisse virer à la dictature et qu’il finisse par se renfermer sur lui-même.

Plusieurs analystes épinglent une transformation comportementale dans le fief de nouveaux dirigeants. Une attitude à défier plutôt qu’à dialoguer.

Les analystes estiment qu’une attitude qui est susceptible de virer à la dérive autoritaire constituerait une marche en arrière dangereuse.

L’outrage au Chef de l’État

Les critiques du Président Tshisekedi déplorent des arrestations arbitraires après de prises de position. Ils sont souvent poursuivis pour outrage au Chef de l’État.

Plus d’un analyste estiment que le régime est devenu biface et cela inquiète.

Au mois d’août, un journaliste critique du pouvoir et une jeune députée étaient poursuivis pour les mêmes faits d’outrage au chef de l’État.

En septembre, deux opposants phares qui ont appelé à la mise en accusation du président devant le congrès du parlement se sont vus convoqués en justice.

Pour les critiques du nouveau régime, cela ne fait plus de doute ceci vire à la dérive. Ils accusent le Président de recourir à cette offense pour museler l’opposition et fragiliser ses critiques.

Des élections hypothétiques pour 2023

Dans le pays, les espoirs démocratiques s’évaporent aussi.

Quoi que le président ne se soit pas encore exprimé à ce sujet, ses proches mettent déjà en doute la tenue des élections prochaines.

Certains évoquent même déjà l’article 75 de la constitution. Selon cet article, en cas d’impossibilité de tenue des élections dans le délai constitutionnel, le président reste en exercice jusqu’à la tenue de prochaines élections.

Pour corroborer leurs propos avec un fait, des proches du président estiment que toute élection prochaine doit être conditionnée par l’organisation préalable d’un recensement général de la population. Ce processus est prévu pour durer plus de trois ans. En somme, l’élection prévue pour 2023 pourra être reportée.

Dans le camp des opposants au Président, ces revendications du camp présidentiel passe mal. Certains ont fait savoir que tout report des élections prochaines est la ligne rouge à ne pas outrepasser.

Un membre du gouvernement proche du Président a déclaré au mois de septembre que celui-ci fera la remise et reprise avec Jésus-Christ. D’autres revendiquent jusqu’à trente ans de pouvoir.

Ces déclarations qui pourraient s’agir de simples invectives destinées à provoquer les opposants inquiète pourtant la population qui voit ses aspirations démocratiques menacées.

Le président ne s’est pas toujours exprimé à propos pour redonner confiance.

La bataille pour le contrôle de la Commission électorale

Au mois de juillet, lors de la sélection du futur président de la CENI, des proches du président de la République ont fait de pressions pour obtenir à la tête de l’institution un chef qui soit de son obédience.

Le matraquage de ces proches ont ravivé de vieux démons du tribalisme dans le pays.

Jamais dans l’histoire du pays, le camp d’un président ne s’était exprimé aussi ouvertement sur ses intentions à contrôler l’organe électoral voulu pourtant indépendant.

Le président ne s’exprime pas sur ce point et, là encore son silence ne rassure pas.

Des chefs de confessions religieuses ont été intimidé et voir menacé par des proches du président de la République tenant à faire prévaloir un choix présumé être celui du Chef de l’État congolais.

Certains chefs religieux, comme le Représentant légal de l’Armée du salut ont vu leurs passeports confisqués par les services de sécurité congolais et d’autres ont été auditionné.

Dans quelques confessions religieuses des agitations sont enregistrées. L’autorité des dirigeants est défiée. Tout cela pourrait s’inscrire dans un plan visant à renverser les équilibres à la tête desdites confessions pour obtenir des dirigeants qui soient de l’obédience du Président de la république.

Certains analystes estiment que les pressions des proches du Président pour le contrôle de la Commission Électorale livre des intentions de fraudes préméditées.

Dans le camp du Président congolais on justifie ces agissements par le fait que les amis-ennemis du régime, le camp de l’ancien président Joseph Kabila voudrait lui aussi contrôler la commission électorale.

Le deuxième mandat ou rien

Le président Tshisekedi est dans un accord politique avec Vital Kamerhe qui a été fait prisonnier. Selon l’accord conclu à Nairobi, le président doit céder sa place à son allié qu’il va soutenir aux élections de 2023.

Après sa victoire à la tête du pays, son parti politique UDPS ne l’entend plus de cette manière. Il a appelé ouvertement le Président à violer cet accord qu’il estime caduque.

Pour ces fidèles du président, impossible de faire un seul mandat à la tête du pays.

L’allié clé du Président s’est vu lâcher entre les mains de sympathisants du parti présidentiel UDPS.

A chacune de ses sorties aux côtés du Président, Vital Kamerhe est resté la cible des insultes et des appels à sa mise en accusation.

Faut-il craindre l’effet Patrice Talon en RDC ?

En Afrique, le fanatisme aveugle et la boulimie du pouvoir ont souvent produit des dictateurs.

L’exemple le plus palpable de ces deux dernières années est l’effet Patrice Talon au Bénin.

Le président Patrice Talon a pris le pouvoir pacifiquement des mains de Boni Yayi en 2016.

Son élection avait soufflé beaucoup d’espoirs démocratiques dans le pays.

Patrice Talon était aussi perçu comme étant l’homme de la rupture avec l’ancien ordre de choses.

Il a suffit de quelques années pour prouver au peuple Béninois tout le contraire.

L’espace démocratique au Bénin s’est rétrécit davantage et les libertés individuelles ont été restreintes.

Actuellement, le Président Patrice Talon mène une lutte acharnée à son prédécesseur dont il craint le retour au pouvoir. Boni Yayi a été contraint de partir en exil en 2019 après sa mise en résidence surveillée par le nouveau pouvoir.

Les élections législatives du 28 avril 2019 se sont déroulées en l’absence des partis d’Opposition qui l’accuse de mettre en mal la démocratie Béninoise.

En RDC, des analystes craignent désormais que le régime ne puisse se renfermer sur lui-même lorsque confronté avec des faits. Mais une telle marche en arrière risquerait de faire voler en éclat le processus de démocratisation du pays. L’Oiseau perché

Un courrier pour Tamtam News de la part de L’oiseau perché

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