Tirez sur son cœur, cela ne change pas son âme. Alice Mirimo a gardé sa vision inchangée face à des défis complexes. Derrière son état d’esprit serein, se dissimule un personnage souvent la cible des combats ouverts.
Par Tamtam News
En 2010, Alice Mirimo se voit confier par l’Etat congolais l’une des plus improbables mission de sa carrière professionnelle : redresser le Fonds National de Promotion et de Service Social (FNPSS) », ancien Fonds du Bien-être indigène (FBEI), dans le cadre de la reforme générale des entreprises publiques congolaises. Le FNPSS avait été conçu pour appuyer l’action social du Gouvernement.
En République Démocratique du Congo (RDC), très peu de gens à cette époque ont une idée précise de cette structure longtemps classée parmi les ruines de l’histoire congolaise. Pourtant, les décombres du FNPSS restaient visibles dans la capitale congolaise. Comment faire pour redresser un éléphant longtemps mis en veilleuse ? A fleur de l’âge, Alice Mirimo avait pris le défi et s’était engagée à ramener cet établissement public à ses années de gloire.
Avant que lui soit confiée cette mission, la congolaise Alice Mirimo était connue pour son activisme au sein de la très influente société civile du pays, entant que présidente du chapitre local de la Young Woman Christian Association (YWCA), une structure internationale basée à Genève.
Sous son leadership, la YWCA avait pris des ailes pour devenir l’une des organisations phares dans le pays et partenaire de l’Etat. Pour ses talents, son carnet d’adresse et ses atouts professionnels, Alice Mirimo faisait le parfait joker pour la RDC.
Le redécollage du désormais, Fonds National de Promotion et de service social, ne dépendait plus que de l’énergie créatrice de sa nouvelle patronne, Alice Mirimo.
Dix ans après, la transformation est spectaculaire. Le Fonds National de Promotion et de Service Social est parti de ses ruines pour reprendre sa place de hub du social dans le pays. Sous sa conduite, plusieurs projets à caractères sociaux sont lancés. Le partenariat est renoué avec la Belgique, l’ancienne tenancière du FBEI pour laquelle, la disparition de cette structure phare quelques années après l’accession de la RDC à l’indépendance, était la parfaite illustration de l’échec de l’homme congolais à assumer correctement son destin. Avec Alice Mirimo, l’établissement FNPSS rouvre ses portes dans toute la République. Ses anciennes rouilles tel le sanatorium de Makala seront réhabilitées. Un certain nombre des propriétés immobilières qui appartenaient jadis au FBI sont restaurées après que cette dernière, à son retour de Belgique, s’amène avec la mémoire institutionnelle de l’ex FBEI stockée pendant des années aux archives nationales Belge. En termes de réalisations parcourues par Tamtam News, le FNPSS affiche gros face à d’autres établissements publics. Plus de 400 dispensaires ont été construits, un peu plus de 300 écoles primaires, près de 250 centres de promotion sociales, près de 20,000 bornes fontaines ont étés installées, une centaine des maternités et bien encore de réalisations dans toute la République.
En citoyenne accomplie, celle que les congolais appellent affectueusement maman du social s’est donnée un nouvel objectif. Pour cette dame self-made, aujourd’hui quadragénaire, la main tendue n’aidera pas le peuple congolais. Elle n’encourage pas la culture de donation pour répondre au problème du social. Pour Alice Mirimo, il faut amener le peuple à s’auto prendre en charge. Elle préconise d’investir dans la création d’emplois décents et durables.
Le 29 janvier 2019, la RDC a connu une alternance au Sommet de l’Etat. Le nouveau Président de la République, Felix-Antoine Tshisekedi, s’avoue préoccuper au plus haut point par le relèvement social des congolais. Le Président, en homme averti, sait où trouver des réponses. Car sous la direction d’Alice Mirimo, le FNPSS avait doté le pays d’un schéma social en attente d’une opérationnalisation. Ainsi depuis 2019, Alice Mirimo s’est vu confier par le Président congolais, la mission de coordonner l’élaboration d’un programme d’urgence intégré de développement communautaire (PAT-PUIDC). Ce programme, le Président de la République le veut « vaste et créateur d’emplois massifs décents sur toute l’étendue du pays ». Pour la congolaise Alice Mirimo, c’est un nouveau défi à relever. La Banque Africaine de Développement (BAD), partenaire traditionnelle de la quadragénaire, a promis de financer en partie le futur programme.
Les performances d’Alice Mirimo à la tête du FNPSS ont séduit ses cadres et agents de carrière pour lesquels les ruines du passé ne restent qu’un panier de souvenirs sans nostalgie.
En 2017, Alice Mirimo est éplorée par des images des enfants mineurs opérants dans des mines de Cobalt en RDC. Ces images insolites font le tour du monde et menacent le Cobalt congolais de sanction internationale. Mais pour le pays, une suspension de l’importation du cobalt annonce des mauvais jours pour l’économie. Les revenus de Cobalt financent le budget national pour près de 90%. Face au dilemme qui appelle à compatir avec la situation des enfants de mines et à préserver l’intérêt stratégique de la République, Alice Mirimo s’engage et convainc son partenaire naturel à aider le pays à assainir les mines et offrir en contrepartie une alternative économique et sociale aux ménages. Desdits échanges, un programme d’appui au bien-être alternatif des enfants œuvrant dans la chaine d’approvisionnement de cobalt (PABEA COBALT) verra le jour en 2018. Le projet, financé principalement par la BAD et coordonné par Alice Mirimo, s’est fixé comme objectif « sortir d’ici à cinq ans des mines de cobalt tous les enfants, les envoyer à l’école pour leur offrir un avenir meilleur ». Aux parents, le projet compte offrir des alternatives économiques en agriculture notamment. La RDC s’est dotée d’un instrument qui lui permet de continuer à jouir de ses richesses de Cobalt.
Alice Mirimo Kabetsi est née à Goma, à l’est de la République Démocratique du Congo, en 1978. Elle est juriste de formation. Mariée et mère de cinq enfants. Elle est surnommée La Jeanne-d ’arc du Congo par ses collègues de la société civile congolaise.