En République Démocratique du Congo, les combattants pro-Rwanda du M23 ont fait une percée la semaine dernière en capturant la stratégique cité de Mushaki qui ouvre la route jusqu’à Goma. Mais depuis cette percée le M23 semble se contenter des gains plutôt que de conquérir la ville de Goma pour accroître la surenchère politique.
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Trois raisons particulières expliquent cette attitude du Mouvement qui a vu ses rangs renforcés en hommes et en munitions par Kigali ces dernières semaines:
- La raison économiques: le journaliste expert des groupes armés Rodriguez Muchombera estime que les M23 en contrôlant la quasi-totalité des territoires de Rutshuru et Masisi, anciennement acquis aux FDLR, en plus de la très stratégique frontière de Bunagana. Ces derniers se font jusqu’à 25 millions de dollars par mois et 300 millions par an. Ces rebelles gagnent jusqu’à 1 million de dollar chaque jour, c’est en tout cas ce que les FDLR aussi gagnaient dans le temps. Il faudra ajouter à cela l’exploitation des minerais de Rubaya et ailleurs dans le Masisi !Cerise sur le gâteau : les FDLR s’en prennent aux Tutsi du Congo tout comme du Rwanda. Les mettre mal à l’aise en contrôlant leurs zones et en les éliminant tout en prenant leurs finances, c’est faire d’une pierre plusieurs coups !
- L’armée congolaise et la communauté internationale : Muchombera pense que les FARDC ne pourront pas tolérer un débordement sur Goma ! Nos forces armées ont bien fait comprendre que cette ligne rouge ne devrait jamais être franchie. Goma est très protégée par nos armées. Les représailles de l’armée Congolaise seraient terribles contre les M23 et tous leurs soutiens avérés ou soupçonnés. Créant un conflit sur au moins 3 pays. Puis la Communauté internationale ne pourrait pas accepter cela. Ça changerait la donne, vu tous les expats qu’il y a à Goma (80% du staff Monusco par ex). La symbolique de Goma est très importante et sa prise mènerait à…un dilemme.
- En fin, un dilemme : le journaliste poursuit que prendre Goma signifierait 2 choses pour le M23 : A) leur fin, soit par un dialogue imposé par la communauté internationale comme en 2012, soit par une riposte robuste des FARDC et leurs alliés SADC par exemple. B) Une obligation de continuer jusque Kinshasa. Or ils n’en ont pas les moyens. La population locale ne les soutient pas, et leurs hommes ne sauraient pas garder les territoires conquis et maintenir l’avancée !
En conclusion, Muchombera estime que les combattants pro-Rwanda du M23 préfèrent se gonfler les poches tranquillement, chaque jour les rendant plus riche que la veille. Sans jamais oser s’en prendre à Goma, qui est une patate très chaude.