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Kasindi: Monusco, où sont les coupables?

par Redaction Centrale
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Par Hugo Robert MABIALA, Focus-actu.net

Était-ce juste un simple incident? Ça en a tout l’air aux yeux de la MONUSCO qui a préféré le faible et neutre vocable de fusillade qui rabat cet événement aussi inconcevable que tragique quasiment au rang d’un simple fait divers.

Mais, même si elle refuse de le dire, la MONUSCO le sait, et malgré la réaction plutôt molle du gouvernement, les Congolais le savent aussi; les choses sont plus graves qu’on veut bien le présenter.

Trois citoyens congolais morts, à vrai dire, tués par des casques bleus du contingent tanzanien, revenant des vacances (armés!?), qui, du reste, ont forcé l’entrée à la frontière congolaise, pays souverain, blessant au passage des dizaines des personnes dont le seul péché aura été d’être là, dans leur quotidien.

Vous avez dit fusillade! Non… non… C’est tout sauf ça. C’est bien pire que ça. À moins que l’on ne considère que la vie des Congolais, ces pauvres âmes habituées à la mort au fil des décennies sous l’œil bienveillant des Nations-Unies, ne représente pas grand-chose sur l’échelle de l’humanité face à celle des casques bleus, ces «vaillants combattants» d’une paix depuis vingt ans espérée… Et rien qu’espérée. Ces Universal soldiers dont l’inefficacité, une fois de plus, provoque le ras-le-bol des populations de l’Est depuis des jours, ras-le-bol qui a entrainé au total 36 mort et 170 blessés. Assimilable à un crime de guerre!L’on se rappelle qu’au lendemain du premier jour des manifestations contre la MONUSCO à Goma et dans d’autres villes de l’Est, les Nations Unies avaient qualifié la mort des trois… quatre casques bleus d’«assimilable à un crime de guerre». Elles ont d’ailleurs exigé enquête sérieuse, punition des coupables et réparation. Légitime, n’est-ce pas?Et qu’en est-il des trois… quatre (ou plus!) Congolais tués sans raisons par les casques bleus qui se sont acharnés sur la gâchette? Comment l’ONU qualifie-t-elle cela? Normalement, ce serait également assimilable à un crime de guerre! Bon, soyons fou! A moins que Bintou Keita y trouve un inconvénient, c’est assimilable à un crime de guerre. Sinon, que Antonio Guterres explique aux Congolais pourquoi. Quid des casques bleus coupables?

La MONUSCO… L’ONU devrait faire preuve de plus de respect vis-à-vis des Congolais, un peuple souverain d’un état membre. Ce respect se traduirait surtout par la justice à l’égard des victimes, la sanction à l’égard des coupables. Mais qui sont ces casques bleus qui ont tiré sur des Congolais? Ont-ils des noms? Combien sont-ils sur la soixantaine qui constituait le convoi meurtrier de la MONUSCO à Kasindi? Où sont-ils? Que des questions qui se noient dans l’assourdissant silence des Nations-Unies.

Comme pour faire un pied-de-nez aux Congolais, l’on dit que ces tanzaniens sont enfermés dans leur cantonnement. Et silence sur la question de leur procès. Il n’y a donc pas urgence sur la nécessité d’établir les responsabilités, de punir les coupables et réparer les préjudices subis par des familles éplorées et des blessés. Le Conseil de sécurité, hier prompt à réagir sur la mort des soldats de l’ONU, est aveugle, aphone, amorphe maintenant que des meurtriers des Congolais sont comptés dans les rangs de la plus grande (la plus longue et la moins efficace sûrement) mission onusienne au monde. Sans doute, condamner les casques bleus responsables du drame meurtrier de Kasindi reviendrait à responsabiliser l’ONU. Eureka… des experts découvrent le nez au milieu du visage! Les Congolais n’ont pas vraiment besoin d’une déclaration de l’ONU pour savoir qui est le responsable. Bien que regrettables, les manifestations violentes contre la MONUSCO portent en elles une part de la vérité. Il n’y a plus de confiance.Dans ce climat de désamour exacerbé par les crimes de Kasindi, le rapport des experts de l’ONU identifiant le Rwanda comme agresseur et appui des M23, a certes une valeur particulière sur le plan politique et diplomatique.

Cependant, publié, comme par hasard, au lendemain de ce qu’on choisit d’appeler «fusillade» de Kasindi, ce rapport paraît un peu comme de la poudre aux yeux. Plus que parcourir, entre deux fusillades, des centaines des pages noircies par les experts de l’ONU qui relatent des faits connus de tous depuis de longs mois, les Congolais ont besoin des actes, des décisions qui rendent justice aux six millions des morts, victimes des massacres à l’Est et parmi lesquels on compte des victimes de la MONUSCO.

La RD Congo n’a pas besoin de rapport. Elle a besoin de Paix.

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