Par Victoire Ingabire Umuhoza
01.08.2024
Dans un article d’Andres Schipani et David Pilling sur les élections au Rwanda (Report, 16 juillet), le porte-parole du gouvernement rwandais a déclaré que je n’étais ni un politicien de l’opposition ni un défenseur de la démocratie, mais un « criminel impénitent ». Le commentaire du porte-parole est le dernier exemple en date du refus du gouvernement rwandais de me permettre de présenter au peuple une alternative à 30 ans de régime autoritaire. En effet, au Rwanda, la seule opposition tolérée est celle qui suit la ligne du gouvernement.
Le porte-parole a fait référence à ma condamnation au Rwanda. Ce n’est pas toute l’histoire. J’ai été arrêté en 2010 alors que je me préparais à me présenter aux prochaines élections présidentielles. Le sous-secrétaire d’État parlementaire britannique pour l’Afrique a déclaré que mon arrestation était basée sur des accusations inventées de toutes pièces. Mon procès a été largement critiqué comme étant motivé par des considérations politiques par Human Rights Watch, le Parlement européen et le Département d’État américain. J’ai porté l’affaire devant la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples, qui a conclu que mes droits avaient été violés et a ordonné au gouvernement rwandais de verser des indemnités. Le gouvernement a refusé de le faire.
Au Rwanda, il n’existe pas de justice indépendante, comme l’a reconnu le ministère britannique de l’Intérieur. Les affaires politiquement sensibles sont jugées conformément à l’agenda du gouvernement rwandais. Aussi faux et offensants que soient les propos du porte-parole à mon égard, ils sont insignifiants en comparaison des menaces proférées récemment contre moi par Paul Kagame, le président rwandais. Pendant sa campagne, le président a déclaré à la presse que je ne finirais pas bien si je persistais à « dire du mal du Rwanda ». Il a ajouté que l’État « trouverait une solution appropriée » pour combattre les mensonges des critiques comme moi. Il a déclaré aux journalistes réunis : « Lorsqu’ils mentent, réfutez ce qu’ils disent. Mais s’ils dépassent les bornes, les conséquences sont claires. » Aucun Rwandais n’aura de difficulté à comprendre ce que ces mots voulaient dire. C’est ce genre de discours violent dans le discours politique qui doit être condamné par tous ceux qui soutiennent l’État de droit et les libertés démocratiques. Ces libertés demeurent inaccessibles au Rwanda. C’est cette réalité qui me motive à continuer.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement la position éditoriale de Tamtam News.
——————————————————————————
