30 mars 2021
Par L’Oiseau perché
UNE REMONTÉE EN PUISSANCE DE L’ANCIEN PRÉSIDENT JOSEPH KABILA OU UNE STRATÉGIE DE MASSE.
L’ex Président fait, depuis son départ, des apparitions triomphales dans le pays.
Il est assez souvent seul au volant de sa jeep, collectant des acclamations de la population â chaque passage.
Toutes ces scènes de liesse sont taillées et particulièrement relayées dans des médias locaux.
Dans le camp de l’ancien Président, on tente certainement de susciter une certaine nostalgie collective, nécessaire au maintien de l’ancien président Joseph Kabila.
À Tshangu, un district de l’ouest de la capitale Kinshasa, l’ex Président s’offre des bains de foule lors de ses passages, la population l’invitant à retourner au pouvoir. Dans le camp des ses détracteurs, on estime que ces bains de foule sont un montage des opposants au nouveau président.
Ce coin de la capitale est en réalité acquis à l’opposant congolais Martin Fayulu qui s’était autoproclamé vainqueur de l’élection présidentielle de décembre 2018.
Plutôt que de parler de scènes d’amour entre l’ancien président Joseph Kabila et la population de cette partie de la capitale, des proches du nouveau régime pensent que la population de Tshangu joue simplement à la provocation.
UN RETOUR AU POUVOIR DE L’ANCIEN PRÉSIDENT JOSEPH KABILA MAIS SOUS QUELLE FORME?
Les partisans du nouveau pouvoir soupçonnent la majorité parlementaire, acquise à l’ancien président, de vouloir ramener l’élection présidentielle au second degré, pour un retour sans entrave majeur au pouvoir de l’ex Président.
Ces derniers pensent que le camp Kabila pourra parier sur la manipulation des résultats de l’élection législative de 2023 pour reprendre la tête du pays au niveau du parlement.
En termes d’adhésion populaire, les partisans de l’UDPS doutent que l’ex président Joseph Kabila ne puisse parier sur une réélection au premier degré, les masses populaires étant acquises à d’autres forces.
Le départ au pouvoir de l’ancien président Joseph Kabila a longtemps été perçu comme une libération, après18 ans de règne à la tête de la RDC.
Dans le camps du nouveau pouvoir congolais, des caciques demandent d’organiser des élections législatives anticipées pour se défaire de la majorité parlementaire de l’ancien président Joseph Kabila.
Le projet d’une élection présidentielle au second degré date de plusieurs années. C’est depuis 2016 que l’ex camp présidentiel évoquait la possibilité d’une élection présidentielle au mode indirect. La raison évoquée était celle de réduire le coût des élections, or, une telle démarche exige une modification de la constitution par référendum.
LES ACCORDS CACH (UDPS-UNC) ET CACH-FCC
Le Président Félix Tshisekedi est lié par un accord avec son principal allié Vital Kamerhe, Président du parti UNC.
Dans cet accord conclu à Nairobi en 2018, l’actuel locataire du Palais de la Nation acceptait de soutenir la candidature de son allié Vital Kamerhe en 2023. Ainsi donc, une alternance de cinq années respectives était prévue à la tête du pays. Vital Kamerhe se retrouve actuellement en train de purger une peine de vingt ans de prison et dix ans d’inéligibilité pour détournement des fonds publics. Techniquement, le maintien de Vital Kamerhe en prison accorde à l’actuel Président et à son allié l’opportunité de concourir à un deuxième mandat à la tête du pays mais le pouvoir congolais est aussi lié à un deuxième accord conclu avec le FCC de l’ex président Joseph Kabila en 2019.
Dans ce second accord, l’ex camp présidentiel s’est engagé à soutenir le bloc CACH, vainqueur de la Présidentielle de 2018, en tenant compte des arrangements internes à ce bloc (l’accord de Nairobi).
Pratiquement, le bloc FCC s’était engagé à accompagner le CACH pendant dix ans à la tête du pays compte tenu de ses dispositions internes.
Avec la condamnation de Vital Kamerhe et son incapacité à concourir à toute fonction politique pendant dix années, le camp FCC de l’ancien Président Kabila pourrait réévaluer son approche vis-à-vis de l’accord conclu avec le CACH. C’est ainsi que la carte d’un retour probable de Joseph Kabila au pouvoir est réapparue soudainement.
Politiquement, le camp FCC ne voudrait pas soutenir une candidature de fait du Président Félix Tshisekedi à la présidence là où il devait soutenir Kamerhe, à la place, en respect aux arrangements internes dans CACH. Ceci pourrait signifier que l’accord avec le CACH est de facto supposé caduque au moment où ce bloc a enregistré des changements inattendus en son sein.
Dans le camp du parti UDPS, la position est formelle, il est impossible pour le nouveau président de n’exercer qu’un seul mandat à la tête du pays.
Des caciques de ce camp ont longtemps demandé au président Félix Tshisekedi de rompre les accords tant avec l’UNC que le FCC.
Vital Kamerhe est en appel contre sa condamnation.
Si le jugement au premier degré se casse, les cartes se rabattront de part et d’autres de deux coalitions.