Par L’Oiseau perché
Les activités dans la ville de Goma ont tourné au ralenti le vendredi 5 août. C’est sous une ambiance de questionnement que les personnes décédées lors des échauffourées entre manifestants et Monusco ont été inhumées.
Colère, confusion et des questions non résolues
Dans la ville de Goma des manifestants se sont vêtus de la couleur blanche pour cette journée unique en son genre. Un peu plus loin des panneaux anti-monusco gisent. On peut lire :« Monusco is Killing in DRC», la Monusco nous tue.
Au cours des manifestations du 25 au 26 juillets treize personnes ont perdu la vie parmi lesquelles trois casques bleus et dix manifestants. La tension était palpable durant ces funérailles peu hors du commun. Des questions restées en suspend taraudent encore les esprits: pourquoi les casques bleus ont-ils tiré en direction des manifestants non armés ? Quelles sont les identités des casques bleus auteurs des tirs ?
Dans une tentative de répondre à ces questions le porte-parole du gouvernement congolais Patrick Muyaya avait fait savoir que les casques bleus dans Goma n’avaient pas ouvert le feu en direction des manifestants mais qu’ils avaient tiré en l’air pour toucher un poteau électrique qui est tombé sur des manifestants. Cet argumentaire du ministre ne convainc pas. Pour les manifestants qui recherchent encore des réponses il s’agit d’un possible cover-up.
Le 31 juillet 2022 un contingent de la Monusco tire sur des manifestants dans Kasindi faisant deux morts et une dizaines de blessés. Dans le cas des casques bleus tués lors de ces affrontements le conseil de sécurité de l’ONU avait estimé que cela pouvait être assimilé à un “crime de guerre”. Quel qualificatif faudrait-il employer lorsque ce sont des casques bleus qui ouvrent le feu sur des manifestants ? Autant des questions tournent dans les esprits des congolais.
Dans les rues de la ville volcanique des manifestants scandent :“ Quoiqu’il en soit la Monusco doit partir !”. Dans Goma, Butembo, Kasingi et Uvira les engins avec les enseignes de l’ONU sont interdit de circulation par la population. Une mise en garde a été faite au personnel congolais de la Monusco par les manifestants. Il leur est interdit de se rendre dans leur travail sous la peine de subir le même traitement que d’autres agents de la Mission onusienne.
Combien de temps prendra ce face-à-face entre la population et la Monusco dépendra des réponses que toutes les parties pourraient apporter à la crise. Le Gouvernement congolais a demandé une réévaluation du plan de retrait de la Monusco. La Monusco a annoncé la mise en état d’arrestation des casques bleus auteurs des tirs contre la population à Kasindi.