En République Démocratique du Congo, les prises de parole de l’ancien dirigeant de la centrale électorale reconverti en politicien provoquent un tollé général.
Nangaa, l’homme le plus recherché par les congolais continu d’alimenter le débat électoral des contradictions qui font sourciller.
Corneille Nangaa avait pris les rennes de la centrale électorale en 2016 dans un moment de turbulence politique. Etant né dans la contestation il partira de ses fonctions dans la contestation.
Expert électoral au parcours reluisant, le profil de l’homme n’avait pourtant jamais convaincu dans la classe politique de l’époque qui des son apparition dans la scène mettait déjà en cause son indépendance. Pour son accession à la tête de la CENI, l’Opposition et l’Eglise catholique s’étaient farouchement opposée.
Face à cette contestation Corneille Nangaa avait tenté de rassurer l’opinion en se posant comme en homme du milieu. Il pilotera un processus électoral chancelant avec des contradictions dans toutes les phases.
Du budget des élections jugé exorbitant à la crédibilité du processus électoral même le travail de Corneille Nangaa à la CENI n’est jamais parvenu à rassurer. Les réformes électorales amorcées encore moins.
Les congolais quoi que n’étant pas rassurer du profil de Nangaa avait continué à se mobiliser pour une élection que nombreux percevaient comme l’élection de la dernière chance. Les masses populaires pensaient pouvoir contrôler Nangaa qui dans l’imaginaire populaire ne pourra proclamer un faux résultat par peur de représailles.
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La fin du règne de Corneille Nangaa à la tête de la CENI ressemblera fortement à ses débuts. Il partira dans la contestation en proclamant des résultats faux qui ne passeront pas devant l’opinion. Des résultats fabriqués de toute pièce pour servir des intérêts parfois obscures. Dans la période qui a suivie la proclamation des résultats et le rejet populaire de sa personne Nangaa va se retrouver dans un repli solitaire en attendant que cette colère populaire passe.
Jusqu’au bout du processus électoral de 2018 Nangaa n’aura pas réussi à s’acheter une certaine crédibilité devant le peuple. Un peuple qui se pose encore des questions aujourd’hui et qui s’estime d’avoir été dribblé par celui-ci. Certains qualifieront le rendement de Nangaa d’un sabotage électoral.
Quelques années après la débâcle électorale de 2018 Nangaa est reconverti en politicien et il tente une résurrection. Il aura suffit de quatre ans après pour voir Nangaa changer de discours en remettant en cause les résultats d’une élection que lui-même avait proclamé et qu’il a défendu à tue-tête. Nangaa parle désormais des résultats arrangés pour éviter un chaos dans le pays. Il accuse Felix Tshisekedi d’être le premier bénéficiaire de ces arrangements qui ont précédé la proclamation des résultats et qu’il taxe d’être un ingrat.
Le revirement complet de Nangaa laisse perplexe l’opinion publique congolaise. Le peuple se pose encore davantage des questions sur l’homme de Nangaa et ses méthodes.
Reconverti en politicien Nangaa pari peut-être sur la vérité pour se faire pardonner dans une sorte de repenti spectaculaire. Mais les congolais sont-ils prêts à oublier ? Nangaa tente peut-être de séduire la communauté internationale en se faisant passer pour la victime afin d’obtenir une levée des sanctions financières internationales qui pèsent sur lui. Autre problème: l’ancien président de la CENI se plaint d’un deal qui a fait intervenir plusieurs d’intervenants mais qu’il est le seul à en payer le prix à ce jour. Qualifiant Tshisekedi d’être un ingrat comment imaginer un Nangaa qui reconnaît avoir commis un mal et qui regrette en même temps de n’avoir pas tiré assez profit de ce mal convenablement ?
Dans le pays la colère monte et le peuple commence à demander à ce dernier de prendre le courage de revenir au pays pour rendre des comptes. D’autres pensent que Nangaa tient des propos qu’il doit avoir le courage de tenir devant un tribunal populaire car le peuple a le droit de savoir la vérité.
Parti en exil volontaire Nangaa sait peut-être qu’il n’a pas pour adversaire Tshisekedi seulement mais que son plus grand adversaire restera un peuple désabusé en 2018 qui a investi argent et énergie dans un simulacre de processus électoral pour lequel Nangaa est le premier responsable. L’Oiseau perché