Le vice et la vertu sont des produits comme le sucre et le vitriol, dit-on.
Par L’Oiseau perché
En République Démocratique du Congo, la politique est loin d’être un terrain impersonnel. Qui dit impersonnel veut dire républicain, et qui dit républicain veut dire qu’il existe des situations dans le parcours d’une nation qui unissent des forces au-delà des divergences.
En Amérique, par exemple, la guerre est ce qui unit plus qu’elle ne divise. Quand l’Amérique est agressée tous les américains le sont au même titre: Démocrate, comme Républicain. C’est à ce moment précis que remontent des slogans tels que Save america (sauvons l’Amérique). Mieux qu’un slogan, c’est un appel à se surpasser.
La politique congolaise, minée par ses polémiques et ses conflits, est loin d’être une politique républicaine. C’est exactement cette classe politique où chaque camp tente d’exploiter des situations et des évènements pour s’attirer un crédit politique. La politique congolaise peut être un jeu sans âme, on le dirait ainsi dans l’église.
Depuis le début de l’agression que mène le mouvement M23 avec ses appuis contre la République Démocratique du Congo, l’opposition congolaise peine à se surpasser. Loin de réunir toutes les forces pour affronter l’ennemi commun, l’opposition elle tente d’exploiter la situation à sa solde. Ce qui ressort des discours des politiques ce sont des critiques acerbes visant le pouvoir de Tshisekedi. Toutes ces critiques tendent à accuser l’actuel Président d’être la cause première de cette guerre. Si cette stratégie marche bien pour ces derniers, plus au moins politiquement, celle-ci ruine et détruit plus qu’il ne fait du bien au pays. D’abord parce que ce genre des discours, en ce temps précis, détournent l’attention du publique de l’enjeu principal pour faire du Président l’ennemi public numéro un. Ces discours menacent aussi la cohésion nationale et concourent à démobiliser la masse.
Les discours tendant à responsabiliser le Président Tshisekedi pour ce qui arrive sèment dans les têtes des congolais une sorte de confusion qui n’aide pas à faire face à l’ennemi ensemble. L’ennemi qui affronte le pays avec des appuis extérieurs exploitent ces mêmes discours pour renforcer sa thèse. Sans doute, l’ennemi irait jusqu’à affirmer que les congolais ne veulent plus de leur Président et que cela se traduit par les prises de positions des politiciens congolais. Ainsi pour une démarche qui a commencé comme une simple revendication, les rebelles pourraient revoir leurs ambitions pour en faire un mouvement de libération du pays, en se basant sur le rejet de la classe politique des actions du Président qu’ils accusent d’être la cause première de la guerre. Dans une telle conquête ils pourraient ainsi compter sur une frange de la population démobilisée par des discours politiques aux conséquences incalculables.
Dans les rues de la capitale Kinshasa, pas de banderoles encourageant la population à se mobiliser derrière l’offensive que mène le Président contre les rebelles. Le faire serait pour certains donner au pouvoir un chèque en blanc. Dans les artères de la capitale Kinshasa à peine on peut lire dans quelques banderoles le message « Aujourd’hui il y a ni majorité, ni opposition, ni société civile, il n y a qu’un peuple face à son histoire, à son destin et à sa nation», et derrière ce message, un mouvement qui se revendique de social progressiste dénommé “ Coalition Citoyenne pour le Congo ”.
Diviser pour mieux régner
Ce qui semble être le principe de base du calcul politique en RDC, c’est le « diviser pour mieux régner ». À une année des élections générales chacun tente d’exploiter les faiblesses du pouvoir pour s’attirer la confiance du public congolais. On y va jusqu’à exploiter une guerre pour en faire un crédit politique au grand dam des morts que cela entraîne et la misère que ça rapporte aux populations. On blâmer le pouvoir, par exemple, pour le nombre des morts et des blessés et on en fait un procès public. Mais vu sous un autre angle, cette attitude serait en réalité une manière de bomber le torse sur le bilan humain de la guerre pour dire aux électeurs que ceci ne se serait pas produit si l’on était aux commandes du pays. Une telle manière de faire plus ça paie ça vous plonge dans la mélancolie de voir la situation ne pas s’arrêter. Ce qui n’est pas éthique mais existe-t-il une pareille chose en politique.
La RDC est loin de se distinguer dans cette manière de faire. La tendance s’observe dans plusieurs pays d’Afrique où l’on fait la récupération politique sur tout.
Gagner avec la masse
Cependant, en République Démocratique du Congo, il est difficile de parier sur la masse comme atout dans un environnement politique polluant.
L’actuel Président Tshisekedi n’est pas le premier à vivre dans pareille situation démobilisatrice. Joseph Kabila son prédécesseur direct en a fait les frais aussi, comme d’ailleurs son propre prédécesseur Mobutu. Il s’agit donc d’une culture qui se normalise dans la démocratie congolaise et qui a tendance à se pérenniser.
La guerre de la rébellion AFDL a vu le Président Mobutu perdre tout le soutien populaire. Le peuple démobilisé par des discours partisans des politiques qui se cherchent un positionnement en temps de guerre. Sans qu’elles ait directement fait partie de la rébellion, l’Opposition va pourtant contribuer indirectement à un coup d’Etat militaire qui renverse Mobutu et qui va instaurer un régime qui sera l’un des plus répressifs jamais connu par le pays. Tout ceci pousse aujourd’hui encore les révisionnistes à étudier si faire partir Mobutu du pouvoir était une bonne idée ou soit une erreur.